
Stupidité 2.0
Stupidité 2.0 : quand Bonhoeffer et Cipolla t'expliquent pourquoi tonton Gérard croit aux reptiliens
Commençons par un fait : l’Internet d’aujourd’hui est un gigantesque buffet à volonté pour la connerie humaine. Une sorte de McDo cérébral où tu choisis ton complot préféré, tu l’arroses d’indignation bien grasse, et tu termines avec un petit milkshake de désinformation algorithmique. Bon appétit !
Mais rassure-toi, ce n’est pas juste un sentiment. Non. C’est théorisé. Documenté. Et même prophétisé, bien avant que Zuckerberg ne décide de transformer la planète en un cirque de contenus sponsorisés pour crétins.
Il y a 80 ans, Dietrich Bonhoeffer, théologien allemand et antinazi, posait un constat glacial : "La stupidité est plus dangereuse que la méchanceté." Et ce n’est pas une punchline de philosophe. C’est une analyse chirurgicale de ce qui transforme un peuple de penseurs en applaudisseurs de génocide. Rien que ça.
Mais attends, c’est pas fini. Dans les années 70, Carlo Cipolla, économiste à lunettes et à l'humour discret, enfonce le clou avec ses "5 lois fondamentales de la stupidité humaine". Et autant te dire que le bonhomme n’avait pas prévu les stories Instagram, mais on jurerait qu’il les avait prédites.
Stupide un jour, stupide toujours ? Pas exactement…
Bonhoeffer nous balance une idée aussi simple qu’explosive : la stupidité n’est pas un manque d’intelligence. C’est un choix. Un abandon. Un acte de soumission mentale.
Oui oui, ton pote ingénieur qui partage des memes antivax n’est pas “bête”. Il est juste stupide au sens moral du terme : il a choisi la facilité du groupe plutôt que la peine de penser.
"Des gens brillants peuvent être stupides, et des gens simples peuvent être lucides." Dietrich, qui ne trollait pas, lui.
Et c’est ça le drame : tu ne peux pas raisonner la stupidité. C’est imperméable. C’est le gore-tex du cerveau.
Cipolla, lui, a chiffré la catastrophe
Petit best-of de ses lois :
• On sous-estime toujours le nombre de gens stupides. Toujours. Même toi, là, en ce moment.
• Ils sont partout. Toutes les catégories sociales. Du PDG au postier. De la star de télé-réalité au prix Nobel.
• Ils causent du tort aux autres sans bénéfice personnel. Ni pour eux. Ni pour personne. C’est du sabotage en roue libre.
• Ils sont imprévisibles. Impossible à anticiper. Comme un bug dans la matrice.
• Ce sont les plus dangereux. Oui, plus qu’un criminel rationnel. Parce qu’un abruti, lui, agit sans plan. Et souvent, en souriant.
Du fascisme à Facebook : même combat cognitif ?
Alors non, on ne dit pas que Meta = Hitler (quoique, certains jours…). Mais les mécanismes psychologiques sont les mêmes. Ce que Bonhoeffer décrivait en 1942 se rejoue chaque jour dans ton feed :
• Abandon de la pensée critique ? Check.
• Soumission au groupe ? Double check.
• Refus des faits qui dérangent ? Tonton Gérard t’appelle sur WhatsApp pour t’expliquer que Pfizer est une entreprise sataniste.
Et pendant que tu cries dans le vide, l’algorithme, lui, encaisse les biftons !
C’est du “Stupidity-as-a-Service” (SaaS), et ça génère un R.O.I. (Retour sur investissement, pour ceux qui ne suivent pas) bien plus solide que la raison. L’engagement avant la vérité. L’émotion avant la réflexion. TikTok, c’est Bonhoeffer, mais avec des filtres chiens.
America first… en stupidité collective
Tu veux des chiffres ? En 2020, 47% des Américains connaissaient QAnon. Et 41% des républicains exposés trouvaient ça “bénéfique pour le pays” (Pew Research). Oui, bénéfique. Comme une lobotomie à la perceuse.
Et pendant ce temps, les fake news se propagent 6 fois plus vite que les vraies infos (MIT). Six. Fois !
Ce n’est pas simplement de la bêtise, c’est de la connerie orchestrée à grande échelle !
Mais que faire ? (à part tout brûler)
Bonhoeffer te le dit : tu ne peux pas convaincre un stupide. Tu peux hurler, présenter des preuves, leur faire un PowerPoint animé… Rien. Nada. Ils deviennent hostiles. Comme un anti-virus qui détecte la logique comme une menace.
Ce qu’il faut ? Créer les conditions de la libération.
Pas les convaincre. Les libérer. Lentement. Patience et amour (ou alors, fuir loin dans les bois).
Exemples de libération réussie :
• La Finlande, qui apprend aux enfants à fact-checker dès la maternelle. Résultat ? 69% de confiance dans les médias (vs 29% aux USA).
• Les programmes de désintox sectaire à base de dialogue bienveillant et de reconnexion sociale.
Les hacks anti-stupidité (à usage quotidien)
• Dans la vie pro :
- Slack + validation croisée = moins de décisions débiles.
- Pre-mortem = anticiper la connerie avant qu’elle ne frappe.
- Ne jamais promouvoir un abruti par compassion. C’est cruel pour tout le monde.
• Dans la vie perso :
- Technique du grey rock : sois chiant, fade, inintéressant avec les complotistes.
- Script de sortie : "Hmm, intéressant, je vais y réfléchir." Puis tu fuis.
- Rituel du soir : note UNE stupidité que tu as faite dans la journée. Parce que oui, toi aussi.
Et pour notre hygiène numérique ?
- Agrégateurs non algorithmiques : AllSides, Ground News…
- Quarantaine mentale : 48h avant de partager une info “choc”.
- Audit de ta bulle : force-toi à lire des sources qui te contredisent.
Et surtout : accepte ta vulnérabilité. Parce que si tu penses que tu es immunisé… tu es déjà contaminé.
Le mot de la fin
La stupidité n’est pas une fatalité biologique. C’est un engrenage social. Un bug moral. Et le plus souvent, un business.
Mais à la différence des Allemands de 1942, on a accès aux outils. Aux études. Aux mécanismes. Et à Bonhoeffer et Cipolla, ces deux mecs bien trop lucides pour leur époque.
Alors à toi de jouer.
Ne sois pas le maillon faible du réseau neuronal collectif.
Pense. Résiste. Libère. Et surtout : désactive les notifications.
Sources multiples :
Korben
pewresearch
Reuters
Le Parisien
M.I.T
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