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L’économie de l’attention, ou comment vendre votre cerveau au kilo (pas cher)


Bonne nouvelle : l’économie va bien. Enfin… pas la vôtre, mais celle de Google, Meta et consorts. Selon une étude de la Direction Générale du Trésor, nos clics, nos scrolls et nos pouces levés font tourner la machine. Mais derrière la gratuité des services numériques se cache un joli racket : on échange du temps de cerveau contre des pubs pour des yaourts probiotiques, en bonus une productivité en chute libre et une santé mentale façon gruyère.
Gratuit ? Non, sponsorisé par votre attention

Le modèle est connu : tu crois que c’est gratuit, mais en réalité tu payes avec ta capacité de concentration. Un marché biface, comme disent les économistes : d’un côté, toi, captif volontaire, de l’autre, les annonceurs qui rachètent tes secondes de vie comme des actions en bourse.

Exemple ? Google et Facebook raflent la mise. Même Netflix, jadis temple du « no pub », a plié en 2024 : près de 50 % des nouveaux abonnés ont choisi la version moins chère, mais avec spots publicitaires. Oui, on est passés maîtres dans l’art de troquer trois euros contre trois minutes de réclames pour du dentifrice.

Des enfants plus forts en TikTok qu’en maths

Là où ça pique, c’est sur l’éducation. Les gamins scotchés au smartphone pendant plus de 3h par jour affichent des scores PISA en mathématiques 30 à 50 points plus bas que les autres. Traduction : en 2060, les ingénieurs de demain risquent d’être recalés par une calculatrice Casio.

Et ce n’est pas tout : extrapolée à la compréhension écrite et à la culture scientifique, la baisse pourrait atteindre jusqu’à 150 points. Merci l’autocomplétion et les vidéos « apprends la physique quantique en 30 secondes ». Résultat ? À long terme, l’étude chiffre la perte de productivité à 2,3 % de PIB.

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like, follow et dépression

Évidemment, scroller sans fin n’affecte pas que les notes des collégiens. Une surexposition aux écrans augmente le risque de dépression, d’anxiété et de troubles du sommeil de 30 à 60 % (et je m'y connais là dessus !)

Selon l’Insee, 57 % des moins de 20 ans ressentent déjà au moins un effet néfaste lié aux écrans (manque de sommeil, obsessions, conflits familiaux, etc.). Résultat économique ? Une facture sanitaire évaluée à 5 milliards d’euros par an rien qu’en France.

Mais ne t’inquiète pas, TikTok promet que son nouvel algorithme sera « plus respectueux de ta santé mentale ». On peut leur faire confiance, comme à un vendeur de cigarettes qui te dit « light ».

Bienvenue au bureau Disneyland

Et ce n’est pas réservé aux ados. Les salariés eux aussi surfent gaiement entre deux réunions : 20 minutes à 2h30 par jour passées à scroller des vidéos de chats. Ajoute le temps de « reconcentration » après chaque notification, et la perte économique grimpe à 0,4 % du PIB.

Bref, on paye des gens pour vérifier des "memes" au lieu de finir leurs dossiers. Mais chut, ça s’appelle « flexibilité au travail ».

La régulation : on interdit, donc c’est réglé (en théorie)

Face au désastre, l’UE dégaine le Digital Services Act (DSA) : fini le défilement infini pour les mineurs, au revoir les loot boxes trop addictives. Sauf que dans la vraie vie, les ados de 11 ans passent déjà 1h42 par jour sur Snapchat ou Insta.

La Commission Écrans, de son côté, recommande : zéro écran avant 3 ans, pas de réseaux sociaux avant 15. Super ! Sauf que Santé publique France a déjà calculé qu’à 2 ans, un enfant passe 56 minutes par jour devant un écran. Bravo les parents, la pédagogie numérique s’arrête visiblement à « Tiens, regarde LooLoo Kids, papa doit surveiller LinkedIn ».

Conclusion : dopamine aujourd'hui, dette cognitive demain

L’étude le dit clairement : l’économie de l’attention, ça génère du chiffre d’affaires, mais ça coûte un bras en capital cognitif. À force de déléguer notre mémoire à Google et notre attention à Instagram, on fabrique une société où tout le monde saura partager un "meme", mais plus personne ne saura écrire une phrase sans assistance IA.

En résumé, bienvenue dans un futur où le PIB baisse, les enfants confondent Pythagore avec un influenceur fitness et où ta santé mentale est sponsorisée par Meta.

La bonne nouvelle ? Quand on aura perdu deux points de PIB et trois neurones, Youtube nous consolera avec une pub pour du magnésium.

La mauvaise nouvelle ? On fonce tranquillement vers un remake grandeur nature d’Idiocracy, sauf qu’on n’aura même pas besoin d’attendre 200 ans.

Sources :
HAL Open Sciences, thèse de Garance Askevis
Ministère de l'Economie - Direction générale du Trésor

Commentaires (4)

avatar de Katryne
Katryne 21/09/2025

Vincent, : je préfère beaucoup tes rédactions aux looongs articles originaux. Est-ce déjà, de ma part, de la paresse intellectuelle et le glissement sur la pente savonneuse de l'économie ... de l'effort de réflexion ?

Indice : t'es quand même plus rigolo que toutes les Cassandre du monde, même si le message revient au même.

avatar de Sandokan
Sandokan 21/09/2025

Ah tiens, on peut commenter, maintenant, c'est quand même plus cool

avatar de vincent
vincent 21/09/2025

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C'était un peu le but ;) l'ancien Blog m'agaçait à force. Trop chiant à gérer, celui-ci est beaucoup plus simple, je gagne du temps.

avatar de vincent
vincent 28/09/2025

Et voilà un article corrigé dans le nouveau format du blog !
l'est pas belle la vie ?

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