
Relocalisation numérique : l'autre réindustrialisation qu'on refuse de voir
Notre addiction aux services numériques états-uniens atteint des sommets ridicules. Pendant qu'on disserte sur la nécessité de relocaliser nos industries, personne ne semble prêt à réfléchir à un autre défi de taille : la relocalisation numérique.
Un an après le lancement du projet "Cartes", une alternative française et ouverte aux solutions de cartographie dominées par Google et Apple, la situation numérique mondiale a pris un tournant dystopique. Trump, au lieu d'être jugé, a été réélu. Elon Musk, après avoir transformé X (ex-Twitter) en QG de propagande d'extrême droite, l'a allègrement soutenu. Et pour couronner le tout, le patron de Meta (Mark Zuckerberg : Facebook, Instagram et WhatsApp) a trouvé son salut dans une politique ultraconservatrice bien à droite de la droite.
Les GAFAM, fidèles à eux-mêmes, se sont alignés avec enthousiasme, pendant que des acteurs de second plan, comme Spotify, montraient patte blanche à ce nouveau pouvoir.
En France ? Silence radio. Les politiques, toujours accros à leurs comptes Twitter/X, continuent de servir sur un plateau leurs opinions, leurs plans stratégiques et leur pertinence à 200 000 followers (dont probablement un bon quart de bots russes ou indiens).
Un embargo numérique, et on fait quoi ?
On a découvert avec stupeur en 2020, que délocaliser la production de masques et de médicaments essentiels était une très mauvaise idée en cas de crise sanitaire. Aujourd'hui, on devrait avoir la même réflexion sur le numérique.
Posez-vous la question : que se passe-t-il si demain, en raison d'un conflit avec les États-Unis, nous perdons l'accès à Microsoft et Google ? Plus de messageries, plus de services cloud, plus d'outils d'administration publique.
Vous pensez que c'est impossible ? Demandez aux entreprises chinoises ce qu'elles en pensent, elles qui se sont fait couper l'accès aux technologies américaines du jour au lendemain. Demandez aux développeurs russes qui ont vu GitHub les dégager d'un clic.
La SNCF dans le cloud d'Amazon
Si Lex Luthor Jeff Bezos ferme les vannes d'AWS à la SNCF on verra immédiatement ses systèmes de réservation s'effondrer. Et on espère que seuls les billets seraient touchés, pas la signalisation des trains... On éspère...
Ajoutez à cela que les hôpitaux tournent sous Windows et stockent leurs données médicales sur Azure, que nos institutions publiques (et privées) font leurs réunions sur Teams et envoient leurs e-mails via Gmail ou Outlook, et vous obtenez une situation proche de l'absurde.
Bon, on ne sera pas non plus dans un scénario à la "Walking Dead", il n'y aura pas des zombies putréfiés déambulans dans nos rues (quoi que... enlevez les réseaux sociaux à certains et vous verrez...)
Relocaliser le numérique : mission impossible ?
L'argument massue contre la relocalisation numérique ? "C'est trop tard." En gros, on serait tellement englués dans notre dépendance qu'on ne pourrait même plus lever un doigt pour changer la situation.
Vraiment ? On a bien réussi à construire un avion de chasse européen (même si on se dispute sur qui doit le piloter), on a su relocaliser des productions industrielles jugées stratégiques, et nos chercheurs en IA sont à la pointe mondiale.
Alors quoi ? On ne pourrait pas développer un moteur de recherche européen qui ne dépend pas de Google et Bing ? (un peu comme Zotop) Créer une alternative crédible à Android et iOS ? Construire un cloud souverain qui ne se résume pas à être une interface moche facturant trois fois plus cher pour trois fois moins de services ?
L'open source et la coopération : la seule solution crédible.
Il ne s'agit pas de rêver à un Facebook français ou à un Google made in France, mais de s'appuyer sur ce qui marche déjà :
- OpenStreetMap, qui rivalise avec Google Maps sans être une machine à aspirer les données personnelles.
- Mastodon, qui offre une alternative à X sans qu'un milliardaire capricieux ne décide de tout régler à coups de ban.
- Mistral AI, qui talonne OpenAI grâce à une approche open source intelligente.
L'Europe, cet animal politiquement paralysé
La véritable question n'est pas tant "peut-on relocaliser le numérique ?", mais "veut-on seulement essayer ?". L'Union Européenne, bloquée par ses propres lourdeurs administratives et l’influence des lobbies américains, avance à la vitesse d'un escargot sous tranquillisants.
Pourtant, il est urgent d’agir. Non pas par un repli nationaliste absurde, mais par une stratégie de défense basée sur l'indépendance et la coopération.
Car pendant que nous scrollons joyeusement sur Instagram et envoyons des émojis sur WhatsApp, d'autres pensent stratégie de domination mondiale. Et eux ne s'encombrent pas de scrupules sur les notions de souveraineté et d'éthique.
Perso, y'a belle lurette que je me suis affranchis de toutes ces saletées et suis maintenant sur la plateforme Zaclys (allez, hop, une petite pub au passage, un peu comme not'ami Korben)
Sources :
Crédit image : Pixabay@Hobbyfotograf08
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