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L'enseignement de l’histoire face aux images manipulées


À l’heure où les images circulent massivement en ligne, souvent sorties de leur contexte ou manipulées, enseigner l’histoire devient un défi. Cet article explore comment les enseignants peuvent aider leurs élèves à développer un regard critique face à ces photographies trompeuses. Il met également en lumière des outils comme le projet VIRAPIC, qui vise à rétablir la vérité historique et à lutter contre la désinformation numérique.

L’avènement de l’intelligence artificielle et la prolifération des contenus numériques remettent en question la manière dont nous enseignons et comprenons l’histoire. L’article que KAT m'a suggéré aujourd'hui rédigé par Mathieu Marly et Gaël Lejeune à partir du site The Conversation, met en lumière un défi crucial pour les enseignants d'aujourd’hui : comment préparer les élèves à naviguer dans un brouillard numérique où des photographies historiques parfois sorties de leur contexte ou manipulées, se répandent à une vitesse inédite ?

L’importance de contextualiser les images historiques

Un exemple frappant évoqué par les auteurs est une photographie prise en 1904 par la missionnaire Alice Seeley Harris pour dénoncer les violences dans l’État indépendant du Congo :

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Photo des « Congolais tenant des mains coupées » prise par Alice Seeley Harris à Baringa, mai 1904. Source : Wikipédia

Ce cliché, souvent interprété comme un témoignage des exactions coloniales, révèle une autre facette de l’histoire lorsqu’on découvre les intentions de la photographe et la participation des Européens visibles sur l’image à une campagne de sensibilisation. Cette « polyphonie morale » illustre la complexité des sociétés européennes face à la colonisation.

L’absence de contexte historique transforme les images en supports polysémiques, propices aux mésinterprétations. Ce constat s’étend au traitement de nombreux autres clichés, comme celui partagé sur Twitter en 2024 pour commémorer la rafle du Vel d’Hiv, mais qui, en réalité, montre des suspects de collaboration après la Libération. L’erreur, relayée par les algorithmes, reflète une méconnaissance générale et contribue à la désinformation historique.

Une méthodologie critique au service des élèves

Pour contrer cette dérive, les enseignants d’histoire sont invités à adopter une approche plus critique vis-à-vis des images en ligne. La méthode SANDI (Source, Auteur, Nature, Date, Intention) apparaît comme un outil fondamental pour évaluer et contextualiser les documents visuels. Pourtant, son utilisation reste encore limitée dans les manuels scolaires, souvent cantonnée à une simple légende illustrative. L’intégration d’une formation à la critique documentaire, en particulier sur les archives photographiques, devient donc une priorité pédagogique.

Le défi des contenus générés par l’IA

Le rapport d’Europol remonte un défi supplémentaire : d’ici 2026, une majorité des contenus en ligne seront générés par des IA. Ces technologies permettent déjà de créer des photographies réalistes mais fictives, brouillant davantage la distinction entre réalité et invention. Dans ce contexte, il est essentiel d’intégrer dans les cours d’histoire une éducation aux outils numériques et aux mécanismes algorithmiques qui influencent la diffusion des contenus.

VIRAPIC : un outil au service de la vérité historique

Face à ces enjeux, des initiatives comme le projet VIRAPIC émergent. Développée par l’Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe (EHNE) et le CERES de Sorbonne Université, cette plateforme vise à détecter et contextualiser les photographies virales liées à des évènements historiques. VIRAPIC ambitionne de réintégrer les images dans leur cadre historique et leur contexte en fournissant des informations vérifiées et accessibles via les moteurs de recherche.

Grâce à une stratégie de référencement optimisée, les pages EHNE/VIRAPIC apparaîtront parmi les premiers résultats, offrant aux internautes une alternative crédible face aux contenus décontextualisés. Ce projet, en reliant la rigueur des historiens aux usages numériques, se positionne comme un rempart contre la désinformation et un soutien précieux pour les enseignants et les élèves.

Enseigner l’histoire à l’ère numérique

L’enjeu pour les enseignants est désormais double : transmettre une compréhension critique du passé et outiller les élèves face à un environnement numérique de plus en plus complexe. Former les jeunes générations à détecter les biais des algorithmes, à évaluer la crédibilité des sources et à contextualiser les images historiques n’est plus une option, mais une nécessité.

L’avenir de l’enseignement de l’histoire réside dans cette capacité à conjuguer tradition académique et innovation numérique. VIRAPIC et d’autres outils similaires constituent des alliés stratégiques pour relever ce défi et garantir une transmission rigoureuse et éclairée de notre mémoire collective.

Source :

The Conversation

Cet article a été écrit avec un combo IA + bon sens humain. Parce que l’un sans l’autre, c’est souvent foireux !

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